En 40 ans, Sam Raimi a dynamité tous les genres. Malgré ses idiosyncrasies stylistiques – ou plutôt à cause d’elles -, l’influence de Sam Raimi sur l’horreur à petit budget et les superproductions modernes ne peut être surestimée. Entre Evil Dead et SpiderMan, il a provoqué à lui seul deux bouleversements majeurs dans le paysage cinématographique américain. Il nous paraissait donc évident d’établir un classement des meilleurs films de Sam Raimi.

Si le trio de tête ne sera probablement pas une surprise, le milieu de la carrière de Raimi est plus difficile à classer. Qu’il s’agisse de westerns révisionnistes, de thrillers austères ou d’œuvres originales de fantasy et d’horreur, il n’est pas vraiment connu pour faire de mauvais films. C’est la malédiction d’être Sam Raimi, un cinéaste remarquablement doué qui conçoit sans cesse de nouvelles façons d’aborder des genres familiers.
Découvrez notre classement des meilleurs films de Sam Raimi
10) Doctor Strange in the Multiverse of Madness – 2022

On commence notre top 10 des meilleurs films de Sam Raimi avec Doctor Strange in the Multiverse of Madness, sorti en 2022. C’est un petit miracle que Doctor Strange In The Multiverse Of Madness soit incontestablement un film de Sam Raimi. Sa capacité à intégrer son style visuel distinctif et ses intérêts thématiques dans l’un de ces films tout en en faisant l’une des entrées les plus divertissantes de l’énorme série de films du MCU prouve que d’autres réalisateurs pourraient peut-être faire de même.
Le fait que son intrigue n’ait absolument aucun sens en dehors du contexte du Marvel Cinematic Universe, déjà difficile à gérer, n’est pas non plus une surprise. Et c’est sur le plan de l’histoire que Raimi n’est pas à la hauteur, ce qui est compréhensible étant donné qu’il a déclaré que le scénario n’était même pas terminé avant la moitié du tournage. Dans ce qui semble être une première pour le MCU, la couleur et le mouvement accueillent le spectateur dans un monde follement inventif dans lequel le Docteur Strange (un Benedict Cumberbatch encore fade) doit renvoyer en enfer un livre de bibliothèque magique.
Mais alors que l’histoire n’a presque aucune résonance émotionnelle, la caméra confiante de Raimi garde les choses en mouvement tout en prenant des respirations contractuellement obligatoires pour remplir l’intrigue avec une exposition interminable.
9) Army Of Darkness – 1992

Le classement d’Army Of Darkness a moins à voir avec sa qualité générale qu’avec le nombre d’autres bons films que Sam Raimi a réalisés. Les effets inspirés de Ray Harryhausen, la performance mythique de Campbell dans le rôle de trois Ashes différents, et l’intensification du mythe Evil Dead charment et excitent de la bonne manière. Reprenant juste après Evil Dead II, Army Of Darkness renvoie Ash dans le passé pour combattre les “Medieval Dead”, comme le film s’intitulait à l’origine, et chercher le Livre des morts qui peut le renvoyer chez lui.
8) Darkman – 1990

Le premier grand film de studio de Sam Raimi est un film de bas étage qui puise dans l’explosion des pulps des années 1990 qui ont donné naissance à Batman et Dick Tracy, mais avec plus de puissance de feu et de maîtrise de la tonalité. Le cadre surchargé du réalisateur fait de la place à Liam Neeson dans le rôle du Dr Peyton Westlake, un scientifique qui développe une peau artificielle pour les grands brûlés.
Lorsque sa petite amie procureur (Frances McDormand) découvre une note incriminante, un groupe de gangsters jette Westlake dans un bain toxique, lui conférant une force digne de Hulk et le rendant insensible à la douleur. Utilisant la technologie de la peau artificielle pour fabriquer des masques presque parfaits, Westlake se fait passer pour les gangsters qui ont ruiné sa vie et les élimine un par un. Quelque part entre un Toxic Avenger à gros budget et un RoboCop à petit budget, Darkman est un film d’action à la manière des monstres Universal.
Sam Raimi n’ébranle jamais sa vision du monde et livre un film de super-héros inspiré de Frankenstein, qui traite du maintien de la dignité après la ruine personnelle et financière.
7) Spiderman – 2002

Lorsque Spider-Man est sorti en salle, il n’y avait jamais eu de film de SpiderMan auparavant, du moins sur grand écran. Imaginez cela. Et le fait que Sony confie les rênes du premier film SpiderMan à l’homme d’Evil Dead a été ressenti comme un véritable coup de force. C’est comme donner le Seigneur des Anneaux à l’homme de Dead Alive ! Le plus étrange dans Spider-Man, c’est sa simplicité. Chaque scène a des enjeux clairs et une progression linéaire qui fait avancer l’histoire.
Dans la première scène, Peter Parker (Tobey Maguire), qui vit dans les bois, se fait mordre par une araignée radioactive, et bien, vous connaissez la suite. Libéré des contraintes des autres super-héros et des multivers, SpiderMan peut parler de Peter Parker et de la difficulté d’être un adolescent. En s’appuyant sur l’âge d’argent de Marvel, 20 ans plus tard, SpiderMan semble intemporel. Spiderman est l’un des meilleurs films de Sam Raimi.
6) Mort ou Vif – 1995

Les 15 premières minutes de Mort ou Vif sont parmi les meilleures de la carrière de Raimi. Il fait défiler les personnages et l’exposition sans lésiner sur les angles et les zooms démesurés. La femme sans nom de Sharon Stone débarque dans la ville de Redemption, connue pour son concours de tir rapide, et s’attaque à l’infâme shérif John Herod (Gene Hackman).
L’action se déroule tout au long du tournoi, alors que la Lady, un pistolero prodige appelé The Kid (Leonardo DiCaprio) et un hors-la-loi devenu prédicateur nommé Cort (Russell Crowe) cherchent à libérer la ville d’Herod, ou à mourir en essayant. Sam Raimi ne gaspille ni son budget ni ses acteurs, collant sa caméra partout où elle peut aller, comme le trou de balle d’un chapeau, comme un vautour, au-dessus de la ville poussiéreuse. Avec un tel casting, on s’y attend, mais le film n’a jamais été aussi élégant, original et amusant.
5) Jusqu’en enfer – 2009

Réalisé après la dégringolade de Spider-Man 3 et la dissolution de Spider-Man 4, le retour de Raimi à l’horreur était une célébration. Pour les fans qui étaient devenus gaga de la scène d’opération dans Spider-Man 2, c’était la concrétisation d’une promesse : Sam Raimi n’avait pas perdu la main. Et comme par hasard, Jusqu’en enfer est une parabole efficace, drôle et effrayante sur le fait de ne pas compromettre ses valeurs pour un gain financier, sortie de façon appropriée au début de la crise financière américaine.
Ces leçons sonnent juste pour Christine (Alison Lohman), un agent de crédit ordinaire qui, malgré ses réserves, saisit la maison d’une vieille dame démunie pour impressionner son patron. Jusqu’en Enfer offre ce que Sam Raimi fait toujours de mieux : des films d’épouvante bien exécutés qui laissent la place au gore et au rire. Peut-être plus qu’Evil Dead II, le réalisateur marie l’horreur et la comédie, gardant le public en haleine alors qu’il mène soigneusement à une fin déprimante. Un indispensable dans notre top 5 des meilleurs films de Sam Raimi.
4) Un plan simple – 1998

Qu’il s’agisse de refuser un prêt bancaire ou de découper une petite amie à la tronçonneuse, Sam Raimi aime pousser les gens honnêtes dans de mauvaises situations. Il est donc approprié que son thriller sans fioritures Un Plan Simple s’ouvre sur notre protagoniste Hank (Bill Paxton) qui proclame “J’étais un homme heureux”.
Thriller hitchcockien, Un Plan Simple a une mise en place facile : Trois citadins trouvent 4,5 millions de dollars d’argent de la drogue dans un avion abattu. Alors qu’ils élaborent un plan pour garder l’argent, de petites déviations de ce plan deviennent incontrôlables, laissant plus de cadavres qu’ils ne l’avaient prévu. Allant à l’encontre de son instinct, Raimi se discipline et réalise l’un des meilleurs films de sa carrière.
3) The Evil Dead – 1981

Le voici, la mère de tous les films indépendants, The Evil Dead. Réalisé avec l’optimisme d’un amateur, chaque image de The Evil Dead regorge d’images, de sons et de performances iconiques. La mise en place est proprement mythique. Cinq étudiants louent la cabane la plus effrayante de la forêt et se retrouvent assiégés par un esprit malveillant qui ne demande qu’à jeter un jeune Bruce Campbell dans le plus grand nombre d’étagères possible.
The Evil Dead privilégie l’ingéniosité par-dessus tout. En transformant la caméra en méchant, Raimi s’épargne la peine d’avoir à créer un monstre emblématique. Au lieu de cela, il peut se concentrer sur les victimes potentielles, en leur insufflant une vie qui rend leurs revirements déchirants et les horreurs qu’elles affrontent véritablement troublantes. Bienvenue sur le podium des meilleurs films de Sam Raimi.
2) Spiderman 2 – 2004

Spider-Man 2 est l’un des meilleurs films de super-héros jamais réalisés, l’un des plus sincères, débordant de complications romantiques et d’épreuves humaines. Raimi revient au même univers avec plus de passion, d’ingéniosité et de savoir-faire, offrant une gamme dynamique de tons qui passe de la comédie au drame et à l’horreur en un tour de main. Les choses ne vont pas très bien pour Peter Parker (joué par Tobey Maguire avec des yeux de rosée). Il n’a pas d’argent, ses notes sont en baisse et ses relations personnelles sont au plus bas. Sans compter que New York a un problème avec le Docteur Octopus (Alfred Molina) !
Avec tous ces obstacles, Raimi s’appuie sur un élément fondamental : Peter a une crise de confiance et, ironiquement, ne trouve pas ses marques, ce qui lui fait perdre ses pouvoirs. À l’aube de l’âge adulte, Peter doit se demander qui il est, pourquoi il fait ce qu’il fait et s’il est sur la bonne voie. Quel jeune croyant ne peut pas s’identifier à cela ? L’un des meilleurs films de Sam Raimi.
1) The Evil Dead 2 – 1987

Enfin, on retrouve évidemment Evil Dead 2 en tête de notre top 10 des meilleurs films de Sam Raimi. Sam Raimi, Bruce Campbell et leurs collaborateurs ont réussi à faire de leur remake de The Evil Dead une explosion de créativité et de viscères. Evil Dead II est un film sans intrigue, qui reprend les événements du premier film en 10 minutes environ. Ash (Bruce Campbell) emmène sa petite amie Linda (Denise Bixler) en escapade romantique dans une cabane dans les bois, et un esprit maléfique prend possession des bois, de la cabane et de Linda.
Après cela, Raimi et Campbell organisent une clinique sur l’horreur à petit budget et la comédie physique. C’est un film au sens propre du terme. Tout bouge dans cette cabane. Si le cadre ne tourne pas, si la caméra ne s’élance pas, si les effets sonores ne rugissent pas, alors les acteurs font des culbutes, les globes oculaires volent et les animaux taxidermisés accrochés au mur ricanent.
Malgré le chaos, Campbell crée un personnage cohérent qui tient à la fois de John Wayne, d’Indiana Jones et de Curly, tout en agissant contre sa propre volonté. Evil Dead II est le type de film à petit budget qui rend simultanément l’impossible possible. LE meilleur film de Sam Raimi, tout simplement.